Pollution plastique : quatre jeunes ont mis les voiles
Quatre étudiants et jeunes diplômés de l’ENS Lyon, de l’INSA Lyon et de Grenoble INP – Ensimag, sont partis pour neuf mois d’expédition sur l’océan Atlantique à des fins scientifiques. Soutenue notamment par la Fondation Grenoble INP, cette mission avait pour objectif de dresser un état des lieux de la pollution plastique des écosystèmes marins.
On peut être ingénieur et aventurier. La preuve : Adrien Gregorj, diplômé de Grenoble INP – Ensimag en 2018, n’a pas hésité à se lancer au pied levé dans une traversée de l’Atlantique nord à des fins expérimentales. Après son PFE, réalisé dans un laboratoire au Japon, il a pris place dans l’équipage du Chercheur, un voilier de 35 pieds pour une mission d’observation de neuf mois : ExploraGyre. L’objectif : étudier l’impact de la pollution plastique sur l’environnement et les poissons.
Un continent de plastique
Les chiffres font froid dans le dos : chaque année, ce sont 10 millions de tonnes de plastique qui finissent dans les océans, contribuant à faire grossir ce que l’on nomme désormais le 7ème continent. Conscients de l’urgence de protéger l’environnement et plus précisément les écosystèmes marins, les quatre jeunes scientifiques se sont lancés dans une expédition à travers l’Atlantique nord pour dresser un état des lieux précis.
Porté par l’association Océasciences, le projet ExploraGyre est à la fois simple et ambitieux. « Il s’agit d’analyser à plusieurs échelles la pollution micro-plastique allant de l’eau aux poissons de l’Atlantique, explique Adrien Gregorj. L’étude comprend un échantillonnage en continu du micro-plastique environnant, ainsi que la pêche de poissons pour des analyses in situ de leur contenu gastro-intestinal. » Au travers de cette large étude, les jeunes scientifiques souhaitaient comprendre l’impact et l’assimilation du micro-plastique dans les chaînes alimentaires dont nous dépendons tous.
En plus de 5000 miles parcourus entre novembre 2018 et août 2019 (voir carte), plus de 60 poissons ont été pêchés et disséqués sur place, et autant d’échantillons de surface prélevés au filet manta envoyés dans un laboratoire en Suisse pour y être analysés. Les résultats seront mis en lien avec les paramètres physico-chimiques de l’eau sur le lieu de prélèvement ainsi que les coordonnées GPS de ce dernier, afin d’établir une cartographie précise des zones polluées. « On peut déjà dire que le tube digestif de 24% des poissons pêchés présentaient des particules de plastique, dont 90% sous forme de fibres. »
Et ensuite ?
À terme, toutes les données scientifiques d’ExploraGyre seront valorisées dans une publication scientifique et relayées auprès du grand public lors de conférences, ou par le biais d’un documentaire accessible sur internet. « Des ateliers de sensibilisation ont en outre été organisés durant nos escales, afin de partager nos recherches avec le plus grand nombre, » explique Adrien.
Au-delà de l’apport scientifique de cette aventure, le voyage a été une belle expérience de vie pour le jeune ingénieur. « C’était le moment ou jamais de participer à un projet de ce genre, avant d’avoir de fortes contraintes professionnelles. » Cette aventure a d’ailleurs séduit l’entreprise qui l’a embauché : Deepomatic, une start-up spécialisée dans l’intelligence artificielle et plus précisément la vision par ordinateur. « Les salariés de l’entreprise partagent les mêmes valeurs que moi, et c’était essentiel pour que je m’y sente bien… »
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