Témoignage d'Etienne Perret sur son expérience en valorisation
Les « activités de valorisation et de recherche sont parfaitement complémentaires » et « se nourrissent mutuellement ». Nous avons interviewé Etienne Perret, enseignant-chercheur à Grenoble INP - Esisar et LCIS (Grenoble INP, UGA), expert en systèmes de communication RF, sans fil, appliqués notamment à la problématique de l’identification de biens. Parmi ces technologies, il cite notamment la RFID et le code à barres.
La RFID est un tag composé d’une puce et d’une antenne ; elle permet de multiples applications. Le code à barres, qui représente 70% des produits manufacturés, est plus limité en terme d’applications mais facile à mettre en œuvre : chacun peut l’imprimer ; il est à bas coût. Ces deux technologies reposent sur les principes d’un identifiant et de sa lecture par un dispositif spécifique. Etienne propose une alternative hybride : le code à barres Radio Fréquence (RF). Ce système de communication innovant cumule les avantages du code à barres (imprimable à bas coût sur le produit) et de la RFID (lecture flexible basée sur la propagation d’ondes RF). Cette innovation a fait l’objet d’une création de start-up en 2018 pour commercialiser l’offre et développer de nouvelles fonctionnalités.
Etienne retrace son expérience en valorisation. « Le cheminement de la recherche au transfert s’inscrit sur la durée ». Depuis 10 ans, ses activités de recherche et de valorisation sont parfaitement complémentaires. Il pointe l’importance de l’écosystème de la valorisation pour développer ses résultats innovants de recherche. Il a bénéficié de différents financements en interne et en externe à l’établissement. Il cite le BQR (aujourd’hui Initiatives de Recherche Stratégiques - IRS) qui finance notamment des résultats prometteurs en recherche. Ce financement a été un premier tremplin, « permettant d’enchainer différents types de contrats en parallèle ». Il a décroché un ANR et a bénéficié d’un accompagnement Gravit (nouvellement SATT) au cours duquel il a rencontré des industriels dont un qui a soutenu l’innovation. Le financement a permis de développer un démonstrateur sur la partie lecteur en co-maturation avec cet industriel. Ce même industriel a ensuite financé une thèse pour faire progresser le démonstrateur et démontrer son potentiel vis-à-vis de l’existant. L’entreprise a ensuite changé de trajectoire business. Mais Etienne a immédiatement été contacté par d’autres entreprises dont une complémentaire sur la partie Tag. Cette nouvelle entreprise a pris le relais en soutenant le projet à la fois en recherche, via une thèse, et en valorisation. Elle est à l’origine de la création de la start-up, avec Etienne en concours scientifique et un ancien doctorant en salarié.
Etienne explique sa philosophie de travail. Etant enseignant en école d’ingénieurs et chercheur dans un laboratoire appliqué, il travaille en lien étroit avec le monde industriel. Dans ses fonctions, il lui apparaît important de montrer le potentiel économique et applicatif de ses activités de recherche. Ce couplage recherche/valorisation lui permet d’avoir une reconnaissance internationale et l’aide à obtenir des financements prestigieux comme l’ERC. Il incarne résolument le cercle vertueux de la valorisation : « les financements permettent de continuer des activités de recherche qui nourrissent les activités de valorisation et inversement ; les activités de valorisation, c’est un lien fort avec des entreprises et des problématiques liées à l’applicatif qui nourrissent les activités de recherche ». « L’ERC est un boost important avec des répercutions en recherche, en valorisation et en enseignement. L’ensemble des prix d’innovation et la valorisation jouent un rôle important ; ce sont des « boosters » pour la carrière et les contrats et pour ainsi faire vivre ses propres recherches. » « C’est un travail qui s’inscrit dans la durée, on porte quelque chose auquel on croit. Il faut avoir plusieurs cordes à son arc et être multidisciplinaire pour surmonter les hauts et les bas et ainsi se garantir une certaine stabilité ». « Le travail avant tout et l'ouverture ! ».
Tout au long de son témoignage, Etienne formule des conseils sur la valorisation : « on oppose l’aspect brevet et publication : ce n’est jamais une grosse contrainte de faire les deux ensemble. Il faut connaitre les règles et les appliquer avec rigueur dès le début ». « Se limiter aux brevets que l’on veut porter : il ne faut pas se limiter au dépôt d’un brevet mais le valoriser et cela demande de l’énergie ».
Il termine en soulignant l’importance de l’équipe en valorisation. « La valorisation est un travail d’équipe : ce que je porte, je ne pourrais pas le faire tout seul. J’ai eu la chance de m’entourer des bonnes personnes : il faut rechercher très en amont, dès la pré-maturation, des personnes qui pourraient être intéressées et avoir les compétences complémentaires des nôtres pour avancer. L’entourage est vraiment important voire primordial, aussi bien technique qu’administratif. Cette dernière partie est peu connue des enseignants-chercheurs mais on y est confronté, aussi il faut se faire aider par les cellules de valorisation des établissements ».
Article rédigé par Isabelle Chéry et Gaëlle Calvary
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